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La confrérie des 10001 pages
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22 février 2009

Tony Judt, Après Guerre, lu par Bruno

Éd. Armand Colin, 963 p.

jpg_HisteuropCet essai synthétise sur environ 1000 pages (sic) 50 ans d'histoire européenne (de l'Atlantique à l'Oural et de la Scandinavie à la Méditerranée).
On a l'impression, nous, Européen, de connaître l'histoire de notre continent - qui est en fait un sous-continent (géographiquement, on ne parle pas de "continent européen" mais de "continent eurasiatique"). L'histoire européenne d'après 1945 nous semble être connu : reconstruction, Guerre Froide, création de la CEE, chute du Mur de Berlin, monnaie unique.
Or, Tony Judt parvient grâce à son essai à nous rendre passionnante cette histoire européenne et il s'interroge avec nous sur ce territoire si différent et ayant tant de points communs.
Ainsi, nous nous étonnons de la manière dont l'Europe est sortie de la seconde guerre mondiale. On peut vraiment parlé de "mystère européen" et de cas d'école. L'historien anglais nous montre comment de manière inouïe des pays dévastés, détruits, exsangues, ruinés, ont réussi à se sortir de leur situation pour redevenir de grandes puissances mondiales. Mieux, des vainqueurs et des vaincus de la seconde guerre mondiale se sont alliés en renonçant aux antagonismes qui les déchiraient depuis des siècles. Ainsi, aujourd'hui il paraît absurde d'imaginer la France et l'Allemagne autrement que comme deux pays alliés et amis.    
Tony Judt nous montre également qu'après 1945 l'Europe entière a connu ce que nous appelons aujourd'hui de vastes "épurations ethniques" (Allemagne, Pologne, Hongrie...) qui ont complètement remodelé son paysage et qui ont été, en quelque sorte, des garants de sa stabilité pour plusieurs dizaines d'années (à l'exception, remarquable, de la Yougoslavie).
La construction européenne est, on s'en doute, un point important traité dans cet essai. On découvre la place capitale qu'a imprimé la France dans les institutions européennes (centralisation à Bruxelles, administration puissante, organisation lourde mais efficace). Judt nous apprend que cette place, la France n'a pu la prendre que parce que la Grande-Bretagne la refusait.
Il serait long de décrire en détail tous les points développés dans cet essai très dense : la longue parenthèse de la Guerre Froide qui a permis à l'Europe de l'Ouest de s'enrichir et à l'Europe centrale et orientale de rater le train de la reconstruction ; les décolonisations traumatisantes mais finalement bienfaisantes ; les bouleversements sociaux et économiques (consommation, fin de l'influence conservatrice et religieuse) ; la domination ambigüe des Etats-Unis ;  l'influence pendant environ 30 ans de la sociale-démocratie balayée d'un revers de main dans les années 80 par les ultralibéraux aveugles (Thatcher en premier lieu).
Un chapitre important est consacré aux guerres yougoslaves au cours desquelles l'Europe s'est montrée tétanisée par les souvenirs qu'elles lui rappelaient (les années 1939-1945) mais aussi incapable de se montrer unie en politique étrangère.
Après la lecture de cet essai, l'Europe se dévoile un peu plus : malgré nos différences, nous, Français, Suisses, Italiens, Polonais ou Allemands, nous avons tous quelque chose qui nous rapproche : ce sens moral de l'histoire, de la culture, de l'humanisme et de la diversité. Mais aussi l'attachement aux diversités nationales. Tony Judt conclue que l'Europe a sans doute l'avenir devant lui. Espérons-le.
Au final, un essai PASSIONNANT que je vous conseille !

Total des livres lus par Bruno à cette date : 1 900 pages.

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